A Saint-Etienne, le beau chantier de la nouvelle Comédie

A l’étroit dans ses bâtiments historiques du centre-ville, la Comédie de Saint-Etienne fait peau neuve. Le nouvel ensemble du CDN, où vont se côtoyer harmonieusement studios pour l’école et salles de spectacles, ouvrira au public en septembre prochain. Visite de chantier.

Par Emmanuelle Bouchez

Publié le 17 janvier 2017 à 16h00

Mis à jour le 08 décembre 2020 à 03h35

Rares sont les théâtres qui changent de peau. C’est pourtant la chance dont bénéficie La Comédie de Saint-Etienne, Centre dramatique national fondé en 1947 par le chef de troupe Jean Dasté (1904-1994) et lieu historique de la première vague de décentralisation théâtrale… Jusqu’à cette année, la Comédie était installée dans un bâtiment années 50 du centre-ville, à la lisière d’un quartier populaire déclaré zone prioritaire. S’y entassaient tant bien que mal deux projets, celui du CDN et celui de son école d’art dramatique, fondée par Daniel Benoin en 1982, à laquelle Arnaud Meunier, le nouveau metteur en scène, directeur de l’ensemble depuis 2011, adosse depuis trois ans une classe préparatoire aux concours des écoles supérieures de théâtre. Le bâtiment, plein à craquer donc, et plus du tout aux normes, a failli être entièrement détruit pour rénovation complète. Mais l’ancienne majorité municipale a eu l’idée de dédier « La Stéphanoise », ancienne usine de machines-outils à destination des mines, à sa nouvelle implantation.

L’objectif alors visé ? Réunir sur la « Plaine Achille », au nord de la ville, et à un tour de roue, d’une future ligne de tram, tous les équipements culturels dans un parc urbain (on pourrait dire à thème !), pensé par l’urbaniste Paul Chemetov. A deux pas de la fameuse Cité du Design qui fait désormais la renommée de Saint-Etienne, La « nouvelle » Comédie, aura donc pour voisins Le Fil, salle de musique actuelle, et le Zénith (dont on espère l’isolation sonore impeccable)… Ce dernier point n’inquiète pas outre mesure Arnaud Meunier, qui voit surtout dans la proximité de ces salles et du campus universitaire voisin, l’occasion de partenariats astucieux : des soirées conviviales type théâtre+dîner+concert pour attirer un public plus jeune.

Un chantier de 8 000 m2 et près de 30 millions d’investissement

On peut regretter la fin d’une présence théâtrale à cheval entre quartiers favorisés et défavorisés, mais la nouvelle majorité municipale (LR) – qui s’était d’abord battue contre le projet –, a trouvé une parade : dans « l’ancienne » Comédie, s’installeront le Conservatoire municipal, les compagnies locales ou émergentes, et les projets culturels associatifs, moyennant une rénovation de 7,64 M€ HT dont 1,8 financé par la ville. La ville investit cependant beaucoup plus (8,3 M€ HT) pour s’offrir sa « nouvelle » Comédie dont l’ensemble du coût (29,465 M€ HT) est réparti entre l’Etat (7,5 M€ HT), la Région (6.5 M€ HT), et le Département (3.9 M€ HT)… Cet immense chantier de 8 000 m2 a été d’abord conçu par le cabinet Milou (Le Nouveau Carreau du Temple à Paris, c’est lui) avant que celui-ci ne se retrouve en liquidation judiciaire en août dernier. Le repreneur (le cabinet lillois Maes) garde le cap : fin des travaux en mars, déménagement en juin, et inauguration, après trois ans de travaux, en septembre prochain… Au fil d’une visite de fond en comble, on est séduit par le projet. De l’extérieur, les couleurs sont pimpantes : rouge toscan sur le gris métallique des ponts roulants rénovés ; blanc d’une cage de scène en polycarbonate qui s’illuminera tel un phare les jours de représentation. A l’intérieur, une haute nef laissant voir l’ossature des anciennes charpentes, accueille des cubes dédiés à la billetterie, au vestiaire, au foyer des étudiants, à la librairie ou au restaurant… L’important ici est d’offrir toutes les possibilités de croisements entre les artistes confirmés, les apprentis acteurs, et le public. Mais ce qui convainc le plus, à côté des deux grands studios pour l’école, de la petite salle de 300 places, de la salle de répétition à la taille du plateau de la grande salle (15X25m), c’est justement cette même grande salle de 700 places (jauge équivalente à celle du centre-ville). Grâce à un gradinage descendant en pente douce jusqu’à la vaste scène, une chaleureuse proximité entre public et artistes y semble assurée, malgré toutes les contraintes avec lesquelles il faut toujours s’accommoder dans le cadre d’une réhabilitation. Rendez-vous en septembre donc, si tout va bien…

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