Périurbain : Petits refuges, grandes ambitions
Bordeaux Métropole mise sur une dizaine de constructions insolites - mais habitables -pour structurer son territoire.
Orianne Dupont
Les Guetteurs, la Nuit américaine, le Neptunea ou le Haut-perché... Tels sont les noms énigmatiques de quelques-uns des dix refuges périurbains que Bordeaux Métropole a disséminés sur son territoire. Ces œuvres performatives - au-delà de leur aspect esthétique, toutes sont habitables - sont nées dans l'esprit d'Yvan Detraz, le directeur de l'association Bruit du frigo, et ce dès 1999, alors qu'il n'était encore qu'étudiant en architecture. « Je souhaitais créer un arpentage péri urbain et valoriser des zones qui ne suscitent pas un regard positif », raconte-t-il.
Dix-huit ans plus tard, ces refuges hébergent chaque nuit des visiteurs, entre mars et novembre. Ces réalisations conçues par des artistes ou architectes, sous la supervision des associations Zébra 3/Buy-Sellf et Bruit du frigo, sont exiguës, mais attirent immanquablement l'attention sur des espaces naturels méconnus et les communes qui les accueillent.
L'histoire a vraiment commencé en 2010, sur un Nuage. Le refuge ainsi baptisé avait été installé à Lormont dans le cadre de la biennale Panoramas, dédiée aux paysages de la rive droite de la Garonne. A priori éphémère, l'installation avait toutefois suscité tant d'intérêt qu'elle a perduré… et essaimé. Dix autres refuges ont été commandés par la métropole ; le dernier verra ainsi le jour à Mérignac en 2018, sur le site économique Aéroparc.
Taux d'occupation de 85 %
Ces œuvres sorties d'un univers imaginaire sont implantées dans des lieux inattendus : au sommet d'une colline avec vue sur le pont d'Aquitaine et la rocade, sur le lac de Bordeaux, à l'orée d'un bois… En 2016, 5 300 personnes ont occupé l'une des huit premières créations installées (deux de plus ont ouvert l'été dernier). Cette année-là, le jour de l'ouverture des réservations, le site Internet a enregistré 2 500 connexions et, dans les mois suivants, le taux d'occupation a atteint 85 %. En 2016 toujours, Bruit du frigo et Zébra 3 ont remporté le Prix national de l'innovation périurbaine décerné par le ministère de l'Aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales.
Car, au-delà de leur attrait touristique, les refuges deviennent un bon prétexte au développement du territoire. « C'est l'occasion de mettre en valeur la commune, reconnaît Michel Héritié, le maire d'Ambarès-et-Lagrave où le Prisme, conçu par Lou-Andréa Lassalle en 2016, a été installé au bord du lac de la Blanche. Nous aimerions que ce lac soit l'image de la commune », explique l'élu. Il envisage d'ailleurs d'y créer une plage l'an prochain.
Accélérateur de projet
Au Haillan, la maire Andréa Kiss a inauguré en septembre dernier le Haut-Perché, une cabane sur pied créée par Studio Weave (lire « Le Moniteur » du 4 août 2017, p. 20) . L'élue espère que ce bâtiment jouera le rôle d'accélérateur pour le projet du parc des Jalles qui concerne huit communes et dont la réalisation piétine depuis dix ans. « Nous voulons créer un lieu qui soit à la fois un écrin de verdure et un site économique grâce au maraîchage, avec des chemins de promenade et des points d'ancrage, explique-t-elle. Le refuge est l'un d'eux. » « Ces petites constructions sont un point d'appui, une logique structurante pour l'aménagement du territoire, confirme Anne-Sophie Brandalise, directrice de la mission Rayonnement et grands équipements métropolitains. Elles participent également à l'identité de la métropole et permettent de dépasser la vision communale. » Les refuges constituent en effet une boucle itinérante et « font la jonction entre les territoires », assure la directrice. L'an dernier, 81 % des occupants du Nuage de Lormont, commune de la rive droite, étaient des habitants de la rive gauche.
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