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Qualité de vie des enfants : où fait-il bon vivre en France ?

Une étude publiée par la Drees sur la "cartographie de la qualité de vie des enfants en France" d'après la compilation d'indicateurs regroupés en quatre grandes familles - démographie et conditions économiques et de logement, accessibilité aux services et aux équipements, la santé et la scolarité -, permet d'identifier huit groupes homogènes de territoires. Tour d'horizon de l'hexagone pour savoir où et comment vivent 14 millions d’enfants.

La direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux publie une étude originale sur la "cartographie de la qualité de vie des enfants en France". Dans la lignée des travaux de la commission Stiglitz de 2008 sur la mesure des performances économiques et du progrès social (qui entendait dépasser les limites du PIB), cette étude compile une soixantaine d'indicateurs. Le tableau présentant la méthodologie n'en fait toutefois apparaître qu'une vingtaine, qualifiés de "principaux indicateurs". L'exploitation de ces données permet d'établir une typologie de huit groupes de territoires en France métropolitaine.

Des indicateurs très pondérés

Les indicateurs utilisés sont ceux disponibles au niveau des intercommunalités (pour limiter les données manquantes). Ils sont regroupés en quatre grandes familles : la démographie et les conditions économiques et de logement (niveau de vie, seuil de pauvreté, familles monoparentales, coût relatif du logement...), l'accessibilité aux services et aux équipements (temps d'accès à certains équipements, accès aux généralistes, aux pédiatres, aux assistantes maternelles...), la santé (part des IVG, consultations de dentistes, de pédiatres, d'ophtalmologues...) et la scolarité (part d'élèves en retard en 6e, effectifs moyens par classes...).

Après divers correctifs – comme le recours à une méthode d'analyse factorielle multiple hiérarchique (AFMH) pour pondérer chaque thème et celui à une classification ascendante hiérarchique (CAH) –, la compilation de ces indicateurs permet d'identifier huit groupes homogènes de territoires.

La périphérie a du bon

Le premier correspond aux périphéries aisées des grandes métropoles. Accueillant 2 millions d'enfants (15% du total) – enfants s'entendant ici comme l'ensemble des jeunes de moins de 18 ans –, il correspond à des "territoires bien équipés accueillant des familles plus favorisées". En pratique, il s'agit des communes situées dans les couronnes des grandes métropoles régionales (Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Grenoble, Toulouse).

Le groupe 2 correspond à l'Ouest et au bassin lyonnais. Regroupant 1,8 million d'enfants (13%), il présente "des conditions économiques plutôt favorables et un bon accès aux équipements scolaires". Ces territoires accueillent davantage de familles nombreuses et la proportion d'enfants y est plus élevée que la moyenne nationale.

Concentrant 1,3 million d'enfants, le groupe 3 correspond à la périphérie de certaines grandes villes (Clermont-Ferrand, Dijon, Nancy, Pau, Tours...). Il se caractérise par des conditions économiques favorables, mais des équipements et services moins accessibles. Par exemple, les distances moyennes vers les collèges et lycées y sont plus importantes que dans l'ensemble des territoires. Il en est de même pour les crèches et les médecins généralistes.

Le groupe 4 correspond à des "territoires défavorisés économiquement mais avec des équipements accessibles". Comptant 3,4 millions d'enfants, il rassemble pour l'essentiel des communes situées en Île-de-France (nord de la capitale, Seine-Saint-Denis et sud du Val-de-Marne), dans l'est Lyonnais, ainsi que plusieurs villes réparties sur toute la France comme Le Mans, Saint-Nazaire, Béziers, Roanne, Strasbourg, Reims, Amiens, Lille ou Valenciennes.

Des métropoles inégalitaires, mais bien équipées

Regroupant 1,3 million d'enfants, le groupe 5 est constitué des territoires ruraux de la moitié nord, "un peu moins défavorisés, mais éloignés des services de santé". Il s'agit essentiellement de familles économiquement moins favorisées, bien que de façon un peu moins marquée. Ces territoires sont en revanche confrontés à un moindre accès aux médecins généralistes ou aux pédiatres.

Pour sa part, le groupe 6 correspond à des territoires abritant peu d'enfants (910.000) et présente la plus faible accessibilité aux services et aux équipements. Les communes appartenant à ce groupe se situent sur une diagonale allant du Nord-Est au Sud-Ouest, ainsi que dans les Pyrénées et les Alpes.

A l'inverse, le groupe 7 comprend les grandes métropoles régionales. Il correspond à la plupart des grandes villes (Paris, Lyon, Bordeaux, Toulouse, Nantes, Rennes, Dijon...), à celles de la banlieue ouest de Paris, du bassin méditerranéen et aussi de quelques villes moyennes ou petites. Il compte 3,1 millions d'enfants et se caractérise par des situations très contrastées (niveau de vie élevé et poches de pauvreté). Majoritairement urbains, ces territoires bénéficient d'un bon accès aux équipements.

Enfin, le groupe 8 comprend "des territoires de montagne, aux situations économiques intermédiaires, marqués par un faible accès aux équipements". Les enfants (moins de 100.000) sont toutefois peu représentés dans ces territoires, qui comptent la plus faible part de familles nombreuses.