Roubaix croit en l’agriculture urbaine

Stéphane Menu

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Roubaix croit en l’agriculture urbaine

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La ville a lancé un appel à projets. Objectif : créer des lieux de culture urbaine pour fournir dans les prochaines années la moitié des fruits et légumes consommés par 10 % de la population. Un projet qui vise à la fois à améliorer le cadre de vie et à répondre à deux urgences, l’une sanitaire et l’autre environnementale.

Nous le savons désormais, les ressources de la terre ne sont pas inépuisables. Si vaste soit notre planète, elle ne parviendra plus, bientôt, à nourrir tous les êtres humains. Du moins à partir des modes de production qui sont les siens à ce jour. Mais certains territoires cherchent à contourner ce que d’aucuns classent au rayon des fatalités. C’est ce qui se passe par exemple à Roubaix, dans le Nord, où la ville lance un appel à projets pour convertir dix sites en friche en zones de production agricole.

15 hectares de « champs » potentiels ont été repérés, soit 1,15 % de la surface totale de la ville

À qui s’adressent ces appels ? « À des personnes, des associations ou des entreprises prêtes à cultiver des parcelles en friche. Cette initiative répond aux critères d’un projet bien plus vaste, à savoir faire de Roubaix une ''ville nourricière'', capable à terme de produire la moitié des fruits et légumes consommés par 10 % de la population », indique Alexandre Garcin, adjoint au maire de Roubaix en charge du développement durable.

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1,15 % de la surface totale de la ville

Au-delà de la seule production et de ses vertus nutritives, la volonté municipale recoupe celle de reconvertir des espaces aujourd’hui en friches, afin d’améliorer le cadre de vie, de valoriser la biodiversité, de régénérer des sols, de sensibiliser la population aux enjeux de l’alimentation, de développer de l’activité économique et de l’emploi… Dans cette commune où les friches sont nombreuses, des « champs » potentiels se profilent : 15 hectares ont été repérés, soit 1,15 % de la surface totale de la ville.

Il sera difficile d’envisager une « culture en pleine terre » : la culture en bacs sera privilégiée

Pour cette année, dix terrains ont été choisis, soit 5,5 hectares, soit encore 2 000 m², surface minimale pour la mairie pour pouvoir y lancer un projet à la production rentable. Bien sûr, les sites en question ne sont pas d’anciens champs à relancer mais des terrains post-friches ou post-activités humaines dont les sols sont constitués de remblais. Ce qui signifie qu’il sera bien difficile d’envisager une « culture en pleine terre », comme l’indique la mairie dans son appel à projets et que la culture en bacs sera certainement le mode privilégié.

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Fraises, framboises et tomates cerises

La date limite de remise des dossiers a été fixée au 15 mai. En septembre, les heureux élus auront été désignés et les futurs paysans urbains pourront occuper les parcelles. On peut donc espérer une première récolte dès l’année prochaine. L’appel à projets vise à mettre à disposition ces terrains (qui n’appartiennent pas tous à la ville, mais aussi à la Métropole européenne de Lille, à la SEM Ville renouvelée, à des bailleurs…) pour une durée de cinq ans. La commune souhaite cependant que les sites de cultures s’installent dans la durée.

La future ferme urbaine du Trichon s’est installée sur des friches, d’anciens parkings, un ancien bâtiment de l’université…

L’initiative roubaisienne s’inspire de ce qui s’est fait en région parisienne. Sur une surface de 8 hectares, à Saint-Cyr-l’École, dans les Yvelines, l’ancienne décharge de remblais, dont l’activité a cessé dans les années 1990, a retrouvé une deuxième jeunesse en 2012 : 3,5 hectares de cette friche ont été reconvertis en agriculture urbaine. Fraises, framboises et tomates cerises y sont cultivées hors sol et l’objectif est d’en produire 20 tonnes par an dans les toutes prochaines années. Un démonstrateur d’agriculture urbaine qui prouve la fiabilité de la reconversion.

La ferme urbaine (pilote) du Trichon

C’est à la future ferme urbaine du Trichon, à Roubaix, que le projet paraît le plus avancé, incluant friches, anciens parkings, ancien bâtiment de l’université… Un projet pilote qui coince cependant dans sa finalisation. La demande de fonds européens s’avère ainsi indispensable pour dépolluer les terres et reconstituer ainsi le sol. Une partie de la dépollution du site sera réalisée par la SEM Ville renouvelée pour retirer de la terre contenant des substances nocives. Enfin, les négociations entre la ville, le bailleur Partenord et l’État ne semblent pas être marquées par la fluidité, le propriétaire du bâtiment universitaire rechignant à abandonner cet ensemble immobilier, en friche, à un coût ajusté à sa transformation agricole.

Associations et entreprises mobilisées

« La démarche que nous menons n’est en rien comparable avec le projet parisien Parisculteurs. Nous investissons réellement des friches industrielles et des délaissés urbains alors que le projet parisien concerne essentiellement les toitures. Ce projet n’est pas sorti de nulle part. Nous avons demandé à l’agence Auxilia, spécialisée dans la transition urbaine, de nous éclairer sur la faisabilité du projet », précise Alexandre Garcin.

« Nous investissons réellement des friches industrielles alors que le projet parisien concerne essentiellement les toitures »

« C’est un projet qui mêle à la fois l’amélioration du cadre de vie mais aussi la problématique sanitaire. Dans le Nord Pas-de-Calais, nous comptons près de 200 000 personnes en situation de diabète. Un chiffre alarmant. Favoriser le rapprochement entre les habitants et l’alimentation saine s’impose donc comme une nécessité sanitaire », assure l’élu.

Des échanges auront lieu avec les porteurs de projets. « Ils pourront venir d’associations ou directement d’entreprises. Nous avons croisé plusieurs démarches. L’Ademe est forcément intéressée par le projet, mais aussi les acteurs de la politique de la ville. Le mode de financement importe peu, nous verrons au cas par cas », conclut Alexandre Garcin.

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