Caroline Cayeux, présidente de Villes de France : « Les villes moyennes peuvent être tirées vers le haut par les métropoles »

Stéphane Menu
Caroline Cayeux, présidente de Villes de France : « Les villes moyennes peuvent être tirées vers le haut par les métropoles »

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Villes de France, association des élus qui représentent les villes moyennes, estime que le gouvernement a entendu le message de ces territoires coincés entre les grandes métropoles et les banlieues périphériques. Pour Caroline Cayeux, sa présidente, il n’y aura pas de guerre des territoires en fonction de leur taille, mais des convergences à trouver.

La crise des Gilets jaunes a imposé au président de la République de répondre aux attentes d’une certaine partie de la population. À vos yeux, l’objectif a-t-il été atteint ?

Avant la crise des Gilets jaunes, Villes de France a publié son Baromètre des territoires qui avait pour principal objectif de mesurer le ressenti des Français sur les villes moyennes que nous représentons, le mode de vie associé et les attentes de nos concitoyens. L’enseignement fondamental est que les habitants des villes moyennes plébiscitent leur commune pour leur qualité de vie. Dans le même temps, ils ont le sentiment que les politiques publiques ont systématiquement avantagé les grandes villes ou Paris. Un accès moins aisé aux services publics, au premier lieu desquels celui de la santé, est ressenti dans nos villes. A posteriori, ce baromètre nous offre donc de multiples enseignements utiles au décryptage de cette crise sociale et territoriale. Le président de la République et le gouvernement ont apporté des réponses. Les annonces du président doivent maintenant être étroitement concertées. Villes de France souhaite y prendre toute sa part pour tout ce qui concerne les territoires. Il conviendra par exemple de définir le périmètre et les moyens du nouvel acte de décentralisation annoncé dans les domaines du logement, du transport et de la transition écologique. L’objectif recherché doit être avant tout une action publique plus cohérente et plus efficace pour nos concitoyens.

« Un accès moins aisé aux services publics, au premier lieu desquels celui de la santé, est ressenti dans nos villes »

Comment les villes moyennes peuvent-elles tirer leur épingle du jeu face aux métropoles ?

43 % des Français indiquent qu’ils préféreraient habiter dans une ville moyenne, 35 % une commune rurale et seulement 22 % une grande ville. Notre premier levier, c’est notre attractivité. Les villes moyennes bénéficient de formidables atouts. Elles sont des communes à taille humaine, qui offrent tranquillité, sécurité, cadre de vie à leurs habitants. Elles sont aussi des villes d’innovation où les entreprises investissent. Elles sont finalement des villes d’équilibre, des pôles de centralité qui irriguent les territoires qui les entourent. Elles sont complémentaires des métropoles, et indispensables aux territoires ruraux !

« 43 % des Français préfèrent habiter dans une ville moyenne, pour seulement 22 % dans une grande ville »

Lire aussi : Villes moyennes : l'opération de sauvetage est lancée

Existe-t-il une guerre larvée entre les tailles des villes ?

Je ne le crois pas. Si le modèle métropolitain a polarisé ces dernières décennies bon nombre de politiques publiques, un rééquilibrage est en train de s’effectuer. Les métropoles ont conscience que leur développement passe aussi par les villes moyennes. Et ces dernières peuvent aussi être tirées vers le haut par les métropoles. Le gouvernement a cité ces dernières semaines les villes moyennes, c’est un signal positif pour nous.

Créer une « communauté »
Toutes les conventions avec les 222 villes du programme Action Cœur de ville ont été signées, et ce depuis le mois de février 2019. « Ces documents définissent notre accompagnement avec les partenaires comme l’Anah, l’Anru, Action Logement, cela sous l’égide de l’État. Des crédits d’ingénierie ont en outre déjà été déployés […] Nous aidons les territoires à retrouver un second souffle », assurait récemment Olivier Sichel, directeur de la Banque des Territoires, dans un entretien accordé à La Tribune. De nombreux échanges d’expériences ont été menés entre les communes concernées, afin de créer « une communauté ». « Nous continuerons à multiplier les partages d’expérience sur ce qui tâtonne, ce qui fonctionne, ce qui ne marche pas… C’est ainsi que nous rentrerons dans le vif de la mise en œuvre ».

Action Cœur de ville en est d’ailleurs la concrétisation symbolique. Qu’en attendez-vous ?

Le programme Action Cœur de ville, qui a été imaginé par Villes de France avec le ministère de la Cohésion des territoires, est un bel exemple de ce qu’on doit faire dans les territoires : des projets imaginés par les acteurs territoriaux et accompagnés par des financements, de l’ingénierie en cas de besoin par l’État. C’est un changement de paradigme important et positif !

« Action Cœur de ville est un formidable coup de projecteur politique et médiatique à destination des villes moyennes »

Lire aussi : Action Coeur de ville : le dispositif qui rend les maires heureux

Est-il d’ores et déjà possible d’en tirer un premier bilan ?

Ce programme Action Cœur de ville est un formidable coup de projecteur politique et médiatique à destination des villes moyennes qui ont été les grandes oubliées des politiques publiques ces dernières décennies. Pour ce programme, ont été mobilisés plus 5 milliards d’euros sur 5 ans pour 222 communes bénéficiaires, dont 1 Md€ de la Caisse des dépôts en fonds propres, 700 m€ en prêts, 1.5 Md€ d’Action logement et 1,2 Md€ de l’Anah. Cela permet de financer des mesures sur des sujets variés tels que le commerce, l’habitat ou l’enseignement supérieur. Nous avons interrogé au mois d’avril les villes de notre réseau : les retours sont globalement positifs. Pour le moment, les financements portent sur des travaux d’études et d’ingénierie, il faudra aller plus loin et plus vite. L’État et les partenaires semblent disposés à nous accompagner sur ce sujet. Les maires sont mobilisés pour faire aboutir leurs projets. Nous sommes sur une dynamique positive.

Lire aussi : En finir avec la prolifération des zones commerciales

Caroline Cayeux est maire Les Républicains puis divers droite de Beauvais. Elle est présidente de Villes de France.

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