Municipales: les maires espèrent une bonne note au « baromètre des villes cyclables »

Les deux cyclistes de Montpellier se croisent, un jour de septembre 2017.

Endettement, commerces, espaces verts, sécurité, qualité de vie… A l’approche des élections municipales de mars 2020, les maires sortants scrutent les indicateurs d’un air anxieux : la ville, « leur ville », comme ils disent, est-elle bien classée ? Cette série de palmarès s’enrichit d’un nouveau venu, la qualité des déplacements à vélo, mesurée par le Baromètre des villes cyclables.

30 novembre au plus tard. Jusqu’au 30 novembre, chacun peut répondre à une trentaine de questions sur la « cyclabilité » de sa ville. La deuxième édition de ce « baromètre », proposée par la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) est déjà un succès. Le 8 novembre, plus de 120000 réponses avaient déjà été enregistrées, davantage que le résultat final de la première édition, à l’automne 2017. Le seuil des 50 réponses nécessaires pour valider la participation au palmarès a été atteint dans 412 communes, petites ou grandes.

Le « baromètre », établi sur le modèle d’un classement similaire réalisé tous les deux ans en Allemagne, avait impressionné, en 2018, la ministre des transports Élisabeth Borne. Aujourd’hui en charge de la transition écologique, la ministre continue de se renseigner discrètement sur l’évolution du nombre de réponses. Au moment du lancement de la loi d’orientation des mobilités (LOM), elle s’était appuyée sur la forte participation pour pousser, au sein du gouvernement, l’adoption d’un « plan vélo » dévoilé en septembre 2018.

Les « autoroutes à vélo » de Grenoble étaient contestées. Seront-elles validées?

Le plus de réponses possible. Certaines communes, comme Montreuil (Seine-Saint-Denis), Massy (Essonne), Montpellier, Paris ou Le Relecq-Kerhuon (Finistère) jouent le jeu, publiant dans le journal municipal, sur les réseaux sociaux ou sur des panneaux lumineux une invitation à participer au « baromètre ». Mais d’autres élus se montrent plus circonspects, craignant une mauvaise note. « J’explique volontiers aux élus que leur ville sera très probablement notée. Ils ont intérêt à ce qu’un nombre très important de gens participent au ‘baromètre’, car le grand public est généralement plus indulgent que les seuls militants qui, eux, participent de toute façon », confie Olivier Schneider, président de la FUB.

Un critère d’attractivité. Cette notation fait en effet partie des critères permettant d’établir les palmarès des « villes les plus attractives » publiés chaque année par des hebdomadaires. A l’exception des statistiques des déplacements domicile-travail de l’Insee, issues du recensement et publiques pour les seules villes de plus de 100000 habitants, il n’existe pas, en France, d’autre classement des villes les plus adaptées au vélo du quotidien.

Le vélo, ce n’est pas seulement dans les grandes villes. Ici, à Semur-en-Auxois (Côte d’Or).

Un enjeu pour les maires, et leurs adversaires. Les résultats de l’édition 2019 seront présentés en février 2020 lors du congrès de la FUB à Bordeaux. Nul ne doute que les maires sortants sauront se prévaloir d’une progression dans le classement, tandis que leurs adversaires tenteront d’exploiter un mauvais résultat.

Plusieurs enjeux émergent déjà. Strasbourg, où la politique cyclable remonte aux années 1970, va-t-elle demeurer la « capitale du vélo » ? Comment seront jugées les « autoroutes à vélo » grenobloises, dont le principe était, au début du mandat, très contesté par certains commerçants ? Les villes bordant la Méditerranée resteront-elles irrémédiablement des cancres ? Paris va-t-elle récolter les fruits de ses nouvelles pistes cyclables bidirectionnelles ? Comment seront notées Besançon, Saint-Etienne ou Béthune (Pas-de-Calais), dont les élus ont récemment estimé qu’il fallait encourager le vélo?Va-t-on engranger, à Bordeaux, les efforts de l’ère Juppé, et en particulier l’apaisement du Pont de Pierre, en centre-ville ? La question est d’importance alors que le maire, Nicolas Florian (LR), remet en cause l’intérêt des double-sens cyclables, dont la sécurité est pourtant prouvée depuis longtemps.

Les réponses au baromètre des villes cyclables », le 5 novembre. Plus le rond est vert, plus le nombre de réponses par habitant est élevé.

« Je suis un des deux ». A Montpellier, les résultats du « baromètre » seront examinés avec un intérêt particulier. Le 20 octobre 2018, le maire Philippe Saurel (soutenu par LRM), interrogé par un journaliste au sujet de pistes cyclables, répondait : « faire une infrastructure pour qu’elle soit utilisée par deux personnes, c’est pas idéal ». Le 10 novembre suivant, le mouvement #jesuisundesdeux mettait 1500 cyclistes dans la rue. Plusieurs autres manifestations ont suivi.

Le maire assure désormais avoir « fait sa vélorution », mais le plan promis tarde à se matérialiser. Pour ne pas laisser retomber la pression, l’association Vélocité Montpellier organise le dimanche 10 novembre une nouvelle manifestation. D’autres rassemblements baptisés « Tous à vélo » auront lieu à Annecy, Cannes, Lille, Chalon-sur-Saône ou encore Rennes, où une jeune femme de 22 ans circulant à vélo est décédée le 4 novembre, renversée par un camion. Le carrefour où le drame s’est produit était aménagé au mépris de la sécurité des cyclistes, dénonce l’association Rayons d’action.

La « piste Turbigo », à Paris, plébiscitée par ses utilisateurs.

Mais l’enjeu de ce questionnaire dépasse la simple prise en compte du vélo dans les villes. Comme le résument, presque en chœur, Pierre Garzon, vice-président (PC) du département du Val-de-Marne et Nicolas Samsoen, maire (UDI) de Massy (Essonne), « la ville du vélo, c’est celle des courtes distances, plus humaine, plus agréable à vivre ». On vote les 15 et 22 mars prochains.

Pour répondre au questionnaire, c’est ici.

Olivier Razemon (l’actu sur Twitter, des nouvelles du blog sur Facebook et de surprenants pictogrammes sur Instagram).

Ci-dessous, un résumé des enjeux en en 1’30 », par la FUB.

 

 

 

 

 

13 réponses sur “Municipales: les maires espèrent une bonne note au « baromètre des villes cyclables »”

  1. Je ne sais pas pourquoi les maires espéreraient une bonne note, vu que les infrastructures vélo en France, et la politique des transports en général, c’est n’importe quoi.
    Et on ne voit rien venir d’autre.
    Pour ma part, j’attends enfin des résultats ! Du coup j’ai évalué très mal plusieurs villes, et je vais en ajouter d’autres.

  2. Les associations cyclistes râlent aussi du côté de Clermont-Ferrand, où un plan vélo (qui avait déçu par son absence totale d’ambition) tarde également à se matérialiser :
    – La Montagne : https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/actualites/manque-de-courage-politique-services-techniques-ronronnants-la-grogne-des-associations-de-cyclistes-a-clermont-ferrand_13677336/
    – France Bleu : https://www.francebleu.fr/infos/societe/fgbhfgb-1572277761

  3. L’Insee recense depuis 2015 les déplacements domicile-travail à vélo et publie tous les ans des données en « moyenne glissante » sur 5 ans, ce qui veut dire que, normalement, dès 2020, on aura des données sur le vélo non seulement pour les villes de plus de 100 000 habitants, mais aussi pour les autres, beaucoup plus petites, mais aussi pour les communes rurales… Si la publication suit le même calendrier que les années précédentes, rendez-vous fin juin 2020 (les dernières données disponibles ici : https://www.insee.fr/fr/statistiques/4171554https://www.insee.fr/fr/statistiques/4171554).

    Une autre source existe, elle ne couvre pas la France entière mais plutôt les moyennes et grandes agglomérations mais par contre elle tient compte de tous les déplacements quotidiens et pas uniquement du domicile travail, ce sont les enquêtes mobilités certifiées Cerema (EMC², anciennement EMD). Environ 70 enquêtes sur les 10 dernières années, quasiment toutes les agglomérations moyennes à grandes, cela permet déjà de faire un petit classement… Les données sont disponibles ici (chiffres clefs à télécharger) : https://www.cerema.fr/fr/activites/mobilite-transport/connaissance-modelisation-evaluation-mobilite/observation-analyse-mobilite/enquetes-mobilite-emc2

    Enfin, l’année 2020 devrait aussi voir la publication des résultats de l’Enquête Mobilité des Personnes, une sorte de super EMC² qui couvre la France entière et qui s’est déroulé d’avril 2018 à avril 2019… Les résultats sont attendus durant le 1er semestre 2020 !

    Ces données sont totalement complémentaires du baromètre de la FUB, les croiser sera très intéressant…

  4. Grenoble compte effectivement beaucoup sur ce baromètre des villes cyclables pour redorer son image. Atmo Auvergne-Rhone-Alpes a en effet publié une étude le mois dernier, montrant que le projet « Cœur de Ville, Cœur de Métropole » et le nouveau plan de circulation dans l’agglomération n’avaient eu aucun impact sur la pollution.

    Cette pollution n’est pas due à la géographie propre de Grenoble et aux montagnes alentours, contrairement à ce prétendent certains lobbyistes malhonnêtes qui écument blog et forums. En dehors de quelques quartiers vitrines là pour impressionner le journaliste parisien qui descend ponctuellement à Grenoble en TGV (fort cher d’ailleurs, deux fois le prix d’un billet Paris-Lyon), la voiture reste reine dans le reste de la métropole et rien n’est fait pour changer cet état de fait.

    1. Grenoble est en réalité l’une des villes les mieux notées par le baromètre 2017. Et c’est aussi une ville où les déplacements domicile-travail se font le plus à vélo.
      https://www.lemonde.fr/blog/transports/2017/01/18/trois-capitales-du-velo/
      Cela résulte d’une politique ancienne et aussi de décisions récentes:
      https://www.lemonde.fr/blog/transports/2018/10/14/gare-grenoble-intermodalite/
      https://www.lemonde.fr/blog/transports/2015/02/25/eric-piolle-maire-de-grenoble-desormais-a-velo-je-respecte-le-code-de-la-route/
      OR

      1. Ravi d’apprendre que vous avez visité le quartier de la gare, qui n’est en rien représentatif de l’agglomération grenobloise dans son ensemble.

        Ravi aussi d’apprendre que M. Piolle respecte le Code de la Route à vélo, ce qui le démarque du cycliste grenoblois lambda. Si ça peut vous rassurer, les automobilistes grenoblois aussi sont de forts mauvais conducteurs, eux aussi sont pas mal à griller systématiquement les feux rouges.

    2. Le but premier du projet « Coeur de Ville, Cœur de Métropole » n’est pas de diminuer la pollution mais de rendre la ville un peu plus vivable pour ses habitants en favorisant les déplacements à pied, à vélo et en transport en commun au détriment de la voiture. Ces projets ne concernent pas que la ville de Grenoble mais aussi d’autre communes de l’agglomération. D’autre part, ces projets sont dans la continuité de projets lancés dans les mandatures précédentes (par exemple « Cœur de Ville, Cœur d’agglo » lancé en 2008).
      Réduire ce projet à une lutte contre la pollution est un des axes d’attaque préféré des personnes contre cette réduction de la place de la voiture en ville qui suggérait une augmentation colossale de cette pollution. Malheureusement pour eux, l’étude d’Atmo Auvergne-Rhone-Alpes a conclu à un impact nul (ça augmente un peu d’un côté, ça diminue un peu de l’autre). Bien entendu, les détracteurs de cette mesure ont considéré que cette étude ne reposait sur aucun fondement scientifique 😀
      En attendant, dans les centres rénovés ou en cours (Grenoble, le Fontanil, Pont-de-Claix, St-Martin) les piétons disposent de davantage d’espace et, à Grenoble et dans les communes concernées, les cyclistes se félicitent de voir arriver de belles pistes cyclables sécurisées et séparées du trafic motorisé.

      Mais je suis d’accord : les élus n’osent encore pas prendre des mesures trop draconiennes contre l’utilisation irraisonnée de l’automobile en solo.

        1. Tiens, marrant, finalement le commentaire initial venait d’un partisan anti-vélo. Je me disais aussi… Vous oeuvrez sous quel autre pseudo par ailleurs ? Dans tous les cas, pathétique et c’est beau l’anonymat d’internet.

          Et dans le lien proposé, on voit de façon admirable le rejet d’une étude scientifique qui a l’outrecuidance d’aller dans le mauvais sens de ces messieurs. Il faut reconnaître qu’à part critiquer sans rien proposer, ces gens-là ne savent rien faire d’autre. Ha si : ne surtout pas toucher à l’emprise de la voiture en ville.

          Enfin, on se demande par ailleurs d’où sort cette référence sur l’ADTC qui n’est mentionnée nulle part ailleurs (l’art de faire du hors-sujet…). Mais bon, un peu de publicité pour une association qui promeut le développement des transports en commun, des voies cyclables et piétonnes sur l’agglomération grenobloise en alternative aux déplacements automobiles en solo, c’est gentil. Je donne même le lien pour ceux qui seraient intéressé : https://www.adtc-grenoble.org/

    1. oui, mais le gcum vient de l’extérieur et vote à 15km, quand le cycliste vote à moins de 10km et le piéton vote à moins de 2km.

      Donc en gros, le gcum vote dans une autre commune, mais le cycliste et le piéton votent sur place.

  5. Les municipales, c’est on parle, on parle, on vote et Balkany gagne toujours à la fin.

    L’agglo de Montauban a provisionné une enveloppe de plusieurs millions pour favoriser le vélo, fait un audit pour établir les besoins. Il y a même une asso, Monta’vélo, qui se monte.
    Tout ça, c’est du blabla tant que je croise 50 gcum en 10 minutes

    1. Les termes du débat ont été imposés par les médias il s’agit : d’aménager la ville pour la rendre accessible aux vélos. La solution qui s’impose à l’honnête homme qui fait usage de la raison est de limiter les déplacements automobiles à la seule nécessité, la paresse mortifère n’étant pas une nécessité.

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