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Face à la crise sanitaire, quel rôle joue le logement ?

Le Puca - Plan urbanisme construction architecture - publie, dans sa dernière "Note d'analyse", une réflexion intéressante et inédite sur le logement face à la crise sanitaire : besoins en matière d'hébergement d'urgence, sur-occupation des logements, nécessité de concevoir des logements plus flexibles, évolution des choix résidentiels...

La pandémie de Covid-19 et, plus encore, le confinement ont suscité de nombreux commentaires sur le rôle du logement dans cette situation exceptionnelle. Mais ceux-ci se limitent le plus souvent à des considérations à mi-chemin entre la sociologie et la décoration, centrées sur le désir des Français de réinvestir leur logement. Dans le dernier numéro de ses "Notes d'analyse", le Puca (Plan urbanisme construction architecture) propose une étude intitulée "Le logement face à la crise sanitaire", qui va bien au-delà de cette approche pointilliste.

La crise sanitaire, amplificateur du mal-logement

L'étude compile et synthétise des publications nationales et internationales parues sur la question. Comme l'explique le Puca, "ce n'est plus simplement le 'droit au logement' (sujet également avivé par la crise), mais 'ce à quoi le logement donne droit' qui est commenté'". L'étude montre notamment comment la crise a amplifié des difficultés et creusé des écarts sociaux qui lui préexistaient. A ce titre, elle a joué un rôle d'amplificateur des problèmes de sans-abrisme et de mal logement. Elle a ainsi mis en évidence l'incapacité à confiner une partie de la population qui n'a pas accès au logement. La réponse est passée par des réquisitions temporaires d'hôtels pour loger les personnes SDF, posant ainsi la question de leur devenir après l'état d'urgence et de la nécessité de prévenir la survenue de nouvelles précarités. Dans une phrase quelque peu prémonitoire, l'étude explique ainsi que "les besoins en matière d'hébergement d'urgence se traduisent par la formulation d'AMI [appels à manifestation d'intérêt, ndlr] sur la création de solutions modulaires pour répondre aux besoins à venir face - entre-autres - à la possible récurrence de ces phases de confinement" (voir notre article ci-dessous du 16 octobre 2020).

Surpeuplement, spatialités et flexibilité

L'étude du Puca pointe aussi l'accumulation de difficultés pour les occupants en surpeuplement ou sur-occupation, en particulier "quand toutes les activités sociales, y compris le travail et la scolarité des enfants, sont contraintes de se dérouler à domicile". Or une étude de l'Insee montre que plus de cinq millions de Français vivent dans un logement surpeuplé. De même, la crise sanitaire a aggravé les situations d'isolement pour les personnes fragiles et s'est traduite par une sensibilité accrue aux défauts du logement, révélée par l'étude de Qualitel (voir notre article ci-dessous du 17 juin 2020).

De façon plus large, "la crise sanitaire interroge les spatialités et fonctionnalités du logement". Dans ce cadre, la crise sanitaire, et plus spécialement le confinement, "a contribué à mettre l'intérieur des habitats sur le devant de la scène". Autre élément : le confinement a mis en évidence la nécessité de concevoir des logements plus flexibles. Ceci vaut aussi pour les logements collectifs, comme les Ehpad. La crise a également eu pour effet d'engendrer un discours favorable à l'extension de l'espace, la densité urbaine étant assimilée à la rapidité de circulation du virus et les espaces ruraux devenant synonymes de sécurité (avant que la circulation du virus se répande dans l'ensemble des départements). Or, cette conception va à l'encontre de la politique de densification, privilégiée par les pouvoirs publics au nom de la lutte contre l'étalement urbain et du développement durable.

Imaginer des solutions pour "planifier l'après"

L'étude esquisse également quelques scénarios pour l'avenir du logement. Le plus évident est celui des possibles évolutions des choix résidentiels des Français et du marché de l'immobilier. Même si "des enquêtes montrent que le confinement a fait resurgir l'envie d'intimité, de nature et d'espace notamment dans les projections d'achat", ces mouvements restent pour l'instant très marginaux. En matière d'immobilier, la crise sanitaire pourrait se traduire par une baisse – relative – des loyers dans les métropoles, au profit des villes moyennes. De même, la crise pourrait conduire à un développement de "l'urbanisme des communs", favorisant les réseaux de solidarité locale, l'essor des circuits-courts et l'économie du partage qui s'est développée avec la pandémie. Enfin, d'autres notions devraient émerger comme la réversibilité des logements ou la plus grande attention portée à la proximité.

Conclusion : "La crise sanitaire invite les professionnels de l'urbain, chercheurs, politiques et citoyens à imaginer ensemble des solutions pour 'planifier l'après'. L'exercice sera vraisemblablement ardu tant il devra intégrer et gérer des contradictions".

 

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