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L'appel des élus à un "1% solidarité" en faveur des quartiers prioritaires

Quelque 150 élus ont lancé vendredi 14 novembre un "appel au secours" à Emmanuel Macron dans lequel ils demandent que 1% des 100 milliards d'euros du plan de relance soit sanctuarisé pour les "territoires en décrochage", dont la "détresse sociale et économique" a été accentuée par la crise sanitaire. Le chef de l'État a demandé au gouvernement de recevoir ces élus.

Ce "1% solidarité" permettra d'abonder prioritairement, selon les signataires de cette lettre ouverte, plusieurs fonds : pour "les associations oeuvrant pour la jeunesse et les publics en difficulté", "la création de comités locaux de solidarité" et de "maisons médicales et de centres de santé" dans les villes les plus pauvres, ainsi que "la mobilisation des acteurs de l'emploi". Il donnerait lieu également à la création de 7.000 postes de médiateurs, au développement d'un plan national de lutte contre l'illettrisme et l'illectronisme ou encore au renforcement des programmes d'éducation aux médias et au numérique dans les collèges et lycées.

Ces 150 maires ou présidents d'agglomérations, qui rappellent représenter "près de 10 millions d'habitants", appellent le président de la République à honorer les engagements pris en 2018 après la remise d'un rapport par l'ancien ministre Jean-Louis Borloo sur les quartiers défavorisés. Celui-ci proposait 19 programmes et 48 mesures pour "faire revenir la République" dans les quartiers face au "repli identitaire et communautaire", ainsi que la création d'un fonds de 5 milliards d'euros. "Trois ans plus tard, seules quelques mesures, portées principalement par les villes, ont pu être engagées (uniquement quatre avec le portage de l'État !)", écrivent les élus, estimant que "les villes et quartiers populaires restent un angle mort du plan de relance : aucune mesure ambitieuse n'a été prise pour répondre à la détresse sociale et économique qui frappe nos communes". Le "virus" du "décrochage à la République" se développe "dans nos quartiers et même au-delà", ajoutent les signataires, pour qui "il serait irresponsable de nier que la haine et le repli sur soi prospèrent à mesure que la rupture sociale et la pauvreté augmentent".

Parmi les signataires de cet appel figurent des maires toutes sensibilités politiques, dont la socialiste Hélène Geoffroy, ancienne secrétaire d'État à la Ville sous François Hollande et maire de Vaulx-en-Velin près de Lyon. Cette dernière va être nommée dans les jours qui viennent vice-présidente du Conseil national des villes, une instance présidée par le Premier ministre et chargée de réfléchir aux grandes orientations de la politique de la ville, a-t-on appris auprès du ministère de la Ville.

Suite à cet "appel au secours", Emmanuel Macron a demandé au gouvernement de recevoir ces élus inquiets, a-t-on appris samedi auprès de l'Élysée. "Le Président a bien reçu la lettre. Il partage les inquiétudes et les objectifs des signataires" et "demande au gouvernement de recevoir ces élus et de travailler avec eux", a indiqué l'Élysée, sans préciser de date à ce stade. Emmanuel Macron "tient à ce que France Relance soit au rendez-vous pour les quartiers populaires comme pour la ruralité", est-il ajouté.