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Grandes écoles : de fortes inégalités territoriales de recrutement

Selon un rapport de l'Institut des politiques publiques, le recrutement des étudiants en grandes écoles souffre de fortes disparités sociales et géographiques. Les jeunes issus de la région parisienne y sont surreprésentés tandis que ceux du Centre, du Nord et du Nord-Est y sont faiblement présents.

La population des étudiants en grandes écoles s’écarte de la structure sociale prévalant dans la population des 20-24 ans, pointe un rapport de l'Institut des politiques publiques (IPP) intitulé "Quelle démocratisation des grandes écoles depuis le milieu des années 2000 ?" et mis en ligne le 19 janvier 2021. Le rapport porte sur l'année universitaire 2016-2017. Cette année-là, près d’un quart des étudiants de niveau bac+3 à bac+5 étaient inscrits dans des grandes écoles. Lesquelles étaient au nombre de 234 classées en cinq catégories : écoles d’ingénieurs (44% des effectifs), écoles de commerce (46%), instituts d’études politiques-IEP (6%), écoles normales supérieures-ENS (2%) et autres écoles spécialisées (2%).
Mais au fait, par quoi se caractérisent les grandes écoles ? Pour le ministère de l’Éducation nationale, il s'agit d'un "établissement d’enseignement supérieur qui recrute ses élèves par concours et assure des formations de haut niveau". Un recrutement par concours qui semble le mieux à même de garantir un égal accès pour tous. Autrement dit, les bons résultats scolaires des meilleurs élèves devraient logiquement mener ces derniers aux meilleures formations. Or, rapporte l'IPP, "les inégalités d’accès aux classes préparatoires et aux grandes écoles ne s’expliquent qu’en partie par les écarts de performance scolaire".

Catégories socioprofessionnelles

La différence d'accès aux grandes écoles est donc à chercher ailleurs. À commencer par les catégories socioprofessionnelles (CSP) des parents. En 2016-2017, les étudiants issus de CSP très favorisées (cadres et assimilés, chefs d’entreprise, professions intellectuelles et professions libérales) représentaient 64% des effectifs des grandes écoles. Quant aux étudiants issus de CSP défavorisées (ouvriers et personnes sans activité professionnelle), ils ne représentaient que 9% des effectifs. 
Mais ce n'est pas tout. Le taux d’accès aux grandes écoles diffère également selon le sexe ou l’origine géographique. Ainsi, les filles ne constituaient que 42% des effectifs des grandes écoles, alors qu'elles sont 55% des effectifs des formations d’enseignement supérieur de niveau bac+3 à bac+5.
En termes géographiques, les écarts se font aussi sentir. "Les élèves parisiens ont une probabilité presque trois fois plus élevée d’accéder à une grande école que les élèves non franciliens", écrivent les auteurs. 8% des étudiants des grandes écoles ont ainsi passé leur baccalauréat à Paris et 22% dans une autre académie d’Île-de-France, contre respectivement 5% et 17% parmi l’ensemble des étudiants inscrits dans des formations d’enseignement supérieur de niveau bac+3 à bac+5. Cette surreprésentation des étudiants franciliens est particulièrement prononcée dans les écoles de commerce (34% des effectifs) et les ENS (32%).

La question des classes prépa

Toujours en termes géographiques, dans la plupart des départements du nord, du nord-est et du centre de la France, moins de 4% des élèves scolarisés en troisième en 2005-2006 ont accédé à une grande école. Un taux qui passe à 7% dans la plupart des départements franciliens (à l’exception de la Seine-Saint-Denis), mais aussi dans le Finistère, en Ille-et-Vilaine, dans le Rhône, la Haute-Garonne, la Loire-Atlantique, les Pyrénées-Atlantiques, la Gironde, l’Aveyron, les Alpes-Maritimes et le Puy-de-Dôme.
De toutes ces inégalités, les auteurs concluent "que la sélectivité sociale des grandes écoles va donc au-delà des niveaux prédits par leur sélectivité scolaire". L'explication profonde tient d'abord à l'accès aux "tremplins" vers les grandes écoles que sont les classes préparatoires, où les étudiants parisiens et franciliens sont déjà surreprésentés, et les écoles post-bac, qui ont souvent un coût très onéreux. Quant à la sous-représentation des filles, elle "provient du fait qu’elles se détournent massivement des études scientifiques après le baccalauréat".

 

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