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En 2020, le nombre de bénéficiaires du RSA a progressé de 7,5%

Le nouveau suivi mensuel réalisé par la Drees sur les "prestations de solidarité" donne aujourd'hui une vision complète de l'année 2020. Le nombre de bénéficiaires du RSA connaît une hausse de 7,5% en un an. La courbe s'est toutefois stabilisée en fin d'année. Les chiffres fournis portent aussi sur la prime d'activité, l'ASS, l'AAH, les APL et, du côté des jeunes, la garantie jeunes ou encore les aides des Crous, y compris via le repas à 1 euro.

Depuis la fin de 2020, la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) des ministères sociaux procède à un suivi mensuel des "prestations de solidarité", notion un peu plus large que les minima sociaux. L'objectif est de "rassembler et mettre à disposition les données mensuelles disponibles les plus récentes et à éclairer les effets de la crise sanitaire, y compris à l'échelle des territoires, sur l'évolution de la pauvreté en France". Si elles ne sont pas le reflet exact de l'évolution de la pauvreté – puisqu'il faut avoir demandé et obtenu une prestation de solidarité –, les données de la Drees donnent néanmoins une image objective de la progression de ces prestations.

Nombre d'allocataires du RSA en baisse en décembre, reprise pour les bénéficiaires de la prime d'activité 

La livraison de février de ce suivi mensuel permet, pour certaines prestations de solidarité, d'avoir une vision complète de l'année 2020, marquée par la crise sanitaire. C'est notamment le cas du RSA, perçu par 2,06 millions de foyers à la fin du mois de décembre 2020. Ce chiffre marque une hausse de 7,5% par rapport à celui de décembre 2019, alors que le nombre d'allocataires s'était maintenu aux environs de 1,9 million entre 2017 et 2019. Au regard de l'ampleur de la crise sanitaire, cette hausse de 7,5% reste toutefois relativement modérée, notamment du fait des mesures mises en place pour préserver l'emploi et les revenus (au moins pour les personnes ayant un emploi stable). A noter également : la croissance du nombre d'allocataires du RSA ralentit en octobre et en novembre et diminue même légèrement en décembre. La Drees précise que, selon la Cnaf – qui contribue à la réalisation de ce suivi mensuel –, "depuis le mois d'octobre, pour la première fois depuis le début de la crise en mars dernier, l'écart entre la situation observée des effectifs du RSA et la situation contrefactuelle si l'épidémie de la Covid-19 n'avait pas eu lieu semble se stabiliser".

De son côté, la prime d'activité voit ses effectifs repartir à la hausse, après une baisse à l'issue du premier confinement. Elle bénéficie désormais à 4,58 millions de foyers. Sur l'ensemble de 2020, la progression est de 1,6%, mais recouvre une évolution contrastée. Les effectifs ont en effet légèrement augmenté durant le premier confinement (+1,4% entre février et mai), puis ont diminué à l'issue de celui-ci (-3,3% entre juin et août), avant de repartir à la hausse (+4,1% entre août et décembre). Bien que les bénéficiaires de la prime d'activité retrouvent, voire dépassent, leur niveau d'avant-crise, la Cnaf estime que "le nombre de foyers allocataires de la prime d'activité demeure largement inférieur à celui qu'il aurait dû être si la crise sanitaire n'avait pas eu lieu, même si cet écart tend à s'atténuer légèrement ces derniers mois".

Les effectifs de l'ASS ralentissent grâce à la prolongation des droits au chômage

Une autre prestation de solidarité est également susceptible d'être directement impactée par la crise sanitaire. C'est le cas de l'ASS (allocation de solidarité spécifique, pour les chômeurs en fin de droits). A la fin du mois de novembre 2020, le nombre d'allocataires de cette prestation atteint 367.700 personnes, soit une hausse de 4,2% par rapport à novembre 2019. La baisse continue du nombre d'allocataires depuis 2015, sous l'effet de l'amélioration de la situation de l'emploi, a été en effet brutalement stoppée par le premier confinement.

Les effectifs de l'ASS sont alors repartis à la hausse (+11,2% entre mai et septembre 2020) avant de baisser légèrement en octobre (-1,0%), puis un peu plus rapidement en novembre (-2,4%), sous l'effet, en partie, des mesures de prolongation des droits à l'allocation chômage prises par le gouvernement pendant le deuxième confinement, qui ont limité le nombre d'entrées dans l'ASS.

Garantie jeunes, aides exceptionnelles des Crous et repas à 1 euro 

Pour les jeunes, le seul indicateur spécifique en termes de prestations de solidarité est la garantie jeunes, dont les derniers chiffres connus remontent à octobre. Ils s'élevaient alors à 82.800 jeunes bénéficiaires d'un accompagnement contre 89.500 un an auparavant, soit une baisse de 7,5%. Mais cela recouvre une évolution très contrastée. Après une interruption presque totale durant le premier confinement, les entrées dans le dispositif étaient très fortement reparties à la hausse en juin. Le nombre cumulé d'entrées initiales entre juin et octobre 2020 est ainsi de 13% supérieur à celui observé sur la même période de 2019. Et en octobre 2020, le nombre d'entrées initiales (11.800) a atteint son plus haut niveau depuis la mise en place du dispositif en 2017.

Lancé en septembre 2020 pour les étudiants en difficulté, le dispositif du repas à 1 euro connaît un début assez erratique. Le nombre d'étudiants boursiers bénéficiaires (au moins une fois dans le mois) a ainsi augmenté en octobre (210.700 contre 188.500 le mois précédent, soit +12%), avant de chuter brusquement en novembre (42.200) et de stagner en décembre (49.100). L'Insee explique que "cette baisse est liée au deuxième confinement, au passage de l'intégralité des enseignements en distanciel, ainsi qu'aux vacances scolaires". En janvier 2021, les effectifs remontent d'ailleurs à 72.300. En outre, la décision, prise le 25 janvier, d'élargir les repas à 1 euro aux étudiants non boursiers a fait bondir le nombre de bénéficiaires, puisque 158.700 repas ont été servis la dernière semaine de janvier. Autre élément mentionné par la Drees : le nombre moyen de repas par bénéficiaire a légèrement progressé sur la période, passant de près de six à sept repas par personne et par mois. Au final, 249.400 étudiants boursiers ont bénéficié au moins une fois entre septembre et décembre 2020 d'un repas à 1 euro.

Toujours à propos des étudiants, la Drees fait également état d'une "forte hausse du nombre d'étudiants bénéficiaires d'une aide financière ponctuelle versée par le Crous pendant le deuxième confinement". En janvier 2021, 9.100 étudiants ont ainsi bénéficié d'une aide spécifique ponctuelle d'un montant moyen d'environ 400 euros, attribuée par les services sociaux des Crous, soit une hausse de 39% par rapport à janvier 2020. En outre, le nombre de bénéficiaires était déjà plus élevé à la rentrée universitaire 2020-2021 (+22% en glissement annuel en septembre 2020). Du coup, le montant total des aides attribuées de septembre à décembre 2020 a augmenté de 48% par rapport à la même période de l'année précédente.

Calme plat pour l'AAH, hausse puis stabilisation pour les APL

A la fin de 2020, le nombre de bénéficiaires de l'AAH (1,2 million) est en hausse de 1,2% sur un an, ce qui correspond plus ou moins à sa "vitesse de croisière". En revanche, ce nombre de bénéficiaires est stable depuis le mois d'août, alors que les MDPH (maisons départementales des personnes handicapées) sont supposées avoir repris un fonctionnement proche de la normale depuis cette période.

Du côté des APL (aides personnelles au logement), c'est également une stabilisation qui semble s'installer, mais seulement à la fin de l'année. Le nombre de bénéficiaires atteint 6,5 millions de foyers à cette date. Alors que le taux de croissance (en glissement annuel) était négatif chaque mois depuis octobre 2018 (entre -1,3% et -0,4%), il redevient positif en mai (+0,5%). Depuis lors, il a augmenté régulièrement pour atteindre +2,5% en novembre, qui voit l'APL atteindre ses effectifs les plus élevés sur la période 2017-2020. Mais, en décembre, le nombre de foyers bénéficiaires d'une aide au logement se stabilise. Tout va se jouer maintenant sur le possible impact de la contemporanéisation des APL, entrée en vigueur le 1er janvier 2021 (voir notre article ci-dessous du 7 janvier 2021).

 

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