Une note de la Banque de France publiée mi-août 2021 fait le constat que la spécialisation dans l’aéronautique des exportations françaises explique une large part de la chute des exportations en 2020. Les pays voisins, moins impactés par un effet de "spécialisation sectorielle", ont vu leur commerce extérieur revenir plus rapidement au niveau d’avant crise.
L'aéronautique : 39% des excédents en 2019
Outre un arrêt de l'activité plus strict que dans d'autres pays d'Europe pendant le confinement, une des causes du rebond plus faible du commerce extérieur français par rapport à ses voisins est la spécialisation sectorielle responsable, selon l’étude, de 68% de la perte de marché à l’exportation.
La demande plus forte dans d’autres filières (agroalimentaire, biens de santé…) lors de la première phase de la crise sanitaire n’a pas pu compenser la baisse du secteur aéronautique qui représentait, en 2019, 39% du total des excédents commerciaux.
Si d’autres secteurs industriels comme l’automobile ont entamé un redressement dès l’automne 2020, le choc subi par l'aéronautique a été plus persistant en raison notamment :
- d’une faiblesse de la demande mondiale des produits aéronautiques liée à une réduction des flux de passagers et du trafic aérien à l’échelle mondiale ;
- du décalage ou de l'annulation de livraison d'appareils aux compagnies aériennes.
Incertitudes sur la santé de l'aéronautique à court et moyen termes
Les pays dont le marché à l’exportation est plus diversifié se sont mieux remis de l'effondrement d’activité lié à la crise sanitaire. En Allemagne, par exemple, les quatre secteurs les plus exportateurs (automobile, machines outils, pharmacie, moteurs) ne constituent que 38% des excédents en 2019. En France, les quatre secteurs les plus porteurs (l'aéronautique, les cosmétiques, les boissons et la pharmacie) représentent 79% des excédents.
Cette "aérodépendance" du secteur de l'exportation de la France est un risque "étant donné les incertitudes à court et moyen terme (nouvelles vagues épidémiques et maintien de restrictions aux voyages, faillites de compagnies aériennes), et les défis plus durables (téléconférences se substituant à certains déplacement professionnels, problématiques liées à l’empreinte carbone du transport aérien)."