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Vélo & Territoires dévoile l’étude sur l’intermodalité vélo – transports terrestres

Sous l’impulsion de ses collectivités adhérentes et grâce au soutien de l’Ademe et du ministère de la Transition écologique, Vélo & Territoires a réalisé en 2020 et 2021 une étude pour favoriser le développement de l’intermodalité entre le vélo et les transports terrestres. Le rapport complet de l’étude, dévoilé ce 2 septembre par Vélo & Territoires, identifie des pistes d’action à court terme pour poser les jalons d’une véritable stratégie nationale intermodale. Il compile aussi un échantillon de dix-neuf initiatives françaises et étrangères, parfois peu coûteuses et faciles à mettre en œuvre, pour améliorer les interactions entre le vélo et les autres modes et assurer aux cyclistes un parcours intermodal incitatif. Alors que retenir de cette étude ?

Le potentiel du vélo en intermodalité est immense, quelle que soit la pratique

Si la pratique du vélo est en pleine croissance, elle est encore freinée par le manque d’interactions avec les autres modes de transport, et en particulier les transports collectifs. Le potentiel du vélo en intermodalité pour une pratique utilitaire, de loisirs ou de tourisme est pourtant immense. Pour une pratique utilitaire, la combinaison du vélo avec le train ou le car permet d’augmenter considérablement l’efficacité de chaque mode de transport. Les usagers profitent à la fois de la flexibilité du vélo pour réaliser les premiers ou derniers kilomètres, et du confort des transports collectifs pour le reste de leur trajet. L’intermodalité est également un atout majeur pour le développement du tourisme à vélo. L’interopérabilité du vélo avec les transports collectifs est cruciale pour accéder à une destination, retourner à son point de départ ou à son lieu de résidence tout en réduisant l’impact environnemental de son trajet. Les transports collectifs peuvent également constituer, lorsque c’est nécessaire, des alternatives à des sections dissuasives en raison d’un fort trafic, d’un important relief ou d’un manque d’aménagement sécurisé. Le développement de l’intermodalité est donc essentiel pour faire de la France la première destination mondiale pour le tourisme à vélo, en particulier pour les touristes étrangers. Il l’est aussi pour les cyclistes de loisirs. Pour ces usages, le couple vélo et transports collectifs permet la découverte de paysages plus éloignés du lieu de résidence tout en limitant l’usage de la voiture et son impact environnemental. Le tout récent rapport du GIEC établit de manière indiscutable que l’activité humaine est la principale cause du réchauffement climatique. Pour éviter des conséquences désastreuses, il est nécessaire d’engager collectivement des actions fortes, immédiates et durables de réduction des émissions de gaz à effet de serre. De manière générale, et ce peu importe la pratique, l’intermodalité participe à réduire les GES dans le domaine des transports, en accord avec la Stratégie nationale bas-carbone qui vise une réduction de 28 % de ces dernières d’ici 2030.

De nouvelles réglementations européennes et nationales sont en marche

Ces dernières années ont été le cadre d’évolutions importantes sur le plan réglementaire. Au niveau européen d’abord, le règlement de l’Union européenne sur les droits et obligations des voyageurs ferroviaires impose depuis 2020 un minimum de quatre emplacements vélos dans tous les trains neufs ou rénovés. Au niveau national, la Loi d’orientation des mobilités a notamment permis des avancées majeures. Sur le volet du stationnement, les 1 133 principales gares du territoire devront s’équiper d’au minimum 76 000 places de stationnement vélo sécurisé avant le 1er janvier 2024. Sur le volet de l’embarquement, les trains neufs ou rénovés à compter du 15 mars 2021 doivent être équipés d’un nombre minimal d’emplacements vélo fixé à huit vélos pour les trains nationaux et 2 % du nombre de places assises du train pour les trains régionaux. Enfin, pour les services réguliers de transport public routier de personnes, à l’exception des services urbains, les autocars neufs devront être équipés, à leur mise en service, d’un système pour transporter au minimum cinq vélos non démontés. Si ces mesures constituent une avancée majeure pour le développement de l’intermodalité en France, elles ne doivent cependant pas empêcher les territoires d’aller plus loin.

À noter : le plan de relance présenté par le Premier ministre le 3 septembre 2020 consacre un volet spécifique aux stationnements vélo. 50 millions d’euros, répartis au prorata du nombre de places fixé par la LOM pour chaque région, ont été annoncés en août 2021 pour le financement d’emplacements de stationnement sécurisé pour les vélos en gare. Ces financements seront attribués via des conventions tripartites entre les DREAL, SNCF Gares & Connexions et les régions. Les conventions seront à signer avant juin 2022 et les travaux à réaliser avant décembre 2023 pour respecter les objectifs de la LOM.

Des actions sont à mettre en place à chaque étape du parcours des cyclistes par les territoires

En complément des nouvelles réglementations nationales et européennes, c’est un système complet d’intermodalité qui doit être développé dans les territoires. L’étude identifie plusieurs pistes d’action à mettre en place pour lever les difficultés rencontrées par les cyclistes à chaque étape du parcours intermodal.

#1 Améliorer l’information voyageur, la tarification et la billettique : pour anticiper au mieux leurs déplacements, les usagers doivent disposer d’une information claire sur l’offre de transport disponible, ainsi que sur les équipements et services vélos associés en amont de leurs trajets. Des indications sur la tarification et les possibilités de réservation de ces différents services sont également nécessaires pour encourager l’intermodalité.

#2 Favoriser l’accessibilité des pôles d’échange : afin d’accéder aux gares et en repartir en toute sécurité à vélo, les cyclistes doivent disposer d’aménagements cyclables adaptés. Des itinéraires de rabattement doivent permettre de relier les pôles d’échange au réseau cyclable du territoire.

#3 Généraliser le stationnement vélo : pour limiter l’engorgement des transports collectifs, en particulier aux heures de pointe, il est indispensable de proposer aux cyclistes une offre de stationnement permettant de garer un vélo en sécurité à proximité des pôles d’échange, au départ ou à l’arrivée d’un trajet.

#4 Faciliter la circulation des cyclistes dans les pôles d’échange : lorsque c’est nécessaire, les usagers doivent pouvoir se déplacer au sein des pôles d’échange, vélo à la main, et accéder à l’ensemble des services de transport proposés. Des cheminements dédiés et un environnement accueillant sont une composante importante de l’intermodalité pour les cyclistes.

#5 Généraliser l’embarquement des vélos : dans certaines situations, les cyclistes n’ont pas d’autre choix que d’emporter leurs vélos non démontés à bord d’un train ou d’un car. Une politique intermodale nécessite de proposer, lorsque c’est possible, des équipements suffisamment nombreux et correctement dimensionnés pour entreposer les vélos en toute sécurité une fois à bord.

#6 Développer les services vélo : en complément, certains usages nécessitent de proposer des services complémentaires au sein du pôle d’échange. Les systèmes de location, les services de consignes ou de réparation de vélos répondent à des besoins récurrents des cyclistes en intermodalité.

Les territoires sont déjà à pied d’œuvre

Avec cette étude sur l’intermodalité, Vélo & Territoires compile un échantillon d’initiatives qui démontre que des solutions existent en France et à l’étranger pour améliorer les interactions entre le vélo et les autres modes de transport. Il montre aussi que les territoires sont d’ores et déjà à pied d’œuvre pour améliorer l’expérience des cyclistes à chaque étape du parcours intermodal. Avec +28 % de fréquentation en 2020 (hors périodes de confinements) le vélo est de plus en plus plébiscité par les Français et devient un sujet de société. À tel point que lors des élections régionales de 2021, les modes actifs sont apparus comme l’un des principaux sujets « transport » dans les programmes des candidats. Pour répondre à cet enjeu, les exécutifs régionaux, comme les AOM locales devront veiller à ce que le vélo, en interaction avec les autres modes de transport, prenne toute sa place dans les politiques de mobilité.

Si les préconisations formulées dans ce rapport ne permettent pas de couvrir l’ensemble du champ très vaste de l’intermodalité, leur mise en œuvre constitue une première étape non négligeable pour une politique intermodale. Vélo & Territoires continuera à proposer un suivi des indicateurs clés de ce sujet, ainsi que des retours d’expériences, dans l’intérêt des territoires de son réseau, mobilisés pour faire de la France une grande nation cyclable.

Antoine Coué

Pour aller plus loin :

Le rapport de l’étude EMBARQ, ainsi que de nombreux contenus complémentaires (articles, webinaires, …), sont consultables sur le site Internet de Vélo & Territoires.

Le communiqué de presse du 2 septembre 2021


L’étude sur l’intermodalité (EMBARQ) est réalisée avec le soutien technique et financier de l’Agence de la transition écologique (Ademe) et du ministère de la Transition écologique.

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